UNE BELLE TETE DE DONNEUSE
Le conseil des prud’hommes a attribué 30.000 euros à ce qu’il faut bien appeler une “donneuse”, Stéphanie Gibaud que le FISC français tente de requalifier en “Lanceur d’alerte”.
Auteure d’un livre-choc sur les pratiques de la banque suisse UBS dont elle était salariée, Stéphanie Gibaud vient de créer avec Hervé Falciani, Edwy Plenel de Mediapart et le Consortium des journalistes d’investigation (lire ci-contre) Pila, une plate-forme internationale pour les défenseurs d’alerte.
Car, estime cette Lilloise d’origine de 48 ans, ceux-ci ne sont pas assez protégés : « Hervé Falciani comme moi, nous regrettons d’avoir été sur-médiatisés en étant sous-protégés. Avec notre plate-forme, les lanceurs d’alerte sauront à qui s’adresser tout en étant sûr que leurs informations tombent entre de bonnes mains. C’est très important. Encore récemment, il y a eu des gens qui sont venus vers moi en me demandant de planquer des documents, vous imaginez ? Avec Pila, nous avons les contacts et la volonté de faire avancer la loi. »
Ou tout du moins de la modifier : car, souligne Stéphanie Gibaud, la loi ne propose aucun dédommagement à ceux qui ont, souvent, défié leur entreprise et ont perdu plus que leur emploi : « Je fais peur aux entreprises privées parce que j’ai dit non, que je n’ai pas accepté de détruire mes fichiers clients avec les noms de ceux qui étaient mis en contact avec des banquiers suisses. Mon histoire est une affaire d’état et l’état ne me reconnaît pas non plus. J’ai travaillé avec les douanes judiciaires, la France a déjà touché plus d’un milliard grâce à mes révélations et moi je touche quoi de tout ça ? Si je n’avais pas été là, il n’y aurait pas eu d’affaire en France et moi, pendant ce temps, je suis au RSA avec deux enfants. Après avoir travaillé avec Gervais Martel pour le RC Lens et avoir géré pendant plus de dix ans le marketing événementiel d’UBS France. »
Comme Birkenfeld, Stéphanie Gibaud, ex-salariée d’UBS France, se présente comme dénonciatrice éthique. Début 2014, elle publie «La femme qui en savait vraiment trop», alors qu’UBS était déjà sous enquête depuis un an pour démarchage illicite en France. Réclamant 18 ans de salaire à son ex-employeur, soit plusieurs millions, elle s’associe à Falciani pour demander de l’argent à l’Etat français, pour services rendus, selon nos sources (!).