Politique

L’euro fort contre un François Hollande faible….

De nouveau, revoici sur le devant de la scène la bataille des idées et des faits sur le front des monnaies. Les journaux et médias bruissent à l’envi de calculs et de courbes montrant que l’euro serait trop fort et détruirait nos capacités exportatrices ; évidemment cela se prolongerait dans le chômage, dans les fermetures accélérées de sites industriels et dans la panne de croissance.

Le débat est international et envahit l’Europe ; c’est le moment où la Chancelière allemande, Angela Merkel, vient de donner vertement une leçon au  Président Hollande. Ce fut très exactement le 6 février au stade de France où ils se rencontraient pour un match de football France-Allemagne que nous avons perdu ! Hollande ayant plaidé pour une quasi dévaluation de l’euro, elle a fait savoir avant son arrivée qu’il ne pouvait en être question.

Son hostilité à toute manipulation de ce genre s’explique par l’histoire. Les allemands ont tellement souffert de l’hyper-inflation de la république de Weimar qu’ils en sont vaccinés de génération en génération. C’est pour cette même raison que le siège de la BCE fut fixé à Francfort. S’ajoutait aussi dans le désaveu assez humiliant imposé à la France la preuve par les faits. La prospérité coutumière, malgré des ratés, de l’industrie germanique s’explique certes par certaines causes comme des choix stratégiques heureux, mais ce sont des causes secondes ; l’existence  régulière d’une monnaie forte est largement explicative.

 

  LE DETAIL DES VERTUS

Venons en à détailler les vertus d’une monnaie forte ce qui va directement à l’encontre de  la vulgate officielle. Plaider en effet pour une monnaie forte et, encore mieux, réputée pour telle sur la longue durée, est une entreprise difficile et nécessaire tant l’idée erronée des dévaluations réputées compétitives est ancrée dans les esprits par une propagande incessante.

Un pays, la Suisse, encore une fois vient à notre secours.

Un des facteurs principaux du succès suisse est l’existence d’une monnaie forte. Depuis des lustres et très régulièrement, le franc suisse se trouve réévalué dans les faits par rapport aux autres monnaies et ceci pour le bien de la richesse nationale. Cela n’empêche pas, d’ailleurs, de  temps à autres des industriels suisses de protester contre une nouvelle appréciation du franc : personne ne leur reprochera de céder aux difficultés du court terme.

L’intérêt d’une monnaie forte est double. D’abord, dans la compétition mondiale, que la Suisse ne refuse pas bien au contraire, les  entrepreneurs sont conduits à l’excellence à la fois dans les décisions et dans les investissements : c’est cette course à l’excellence qui crée la vraie richesse. Le petit pays  déborde largement le cadre bancaire et est à l’origine d’entreprises tout à fait considérables dans le domaine pharmaceutique, dans la haute technologie  ou dans d’autres domaines : ce n’est pas un hasard.

Un autre avantage est de donner aux acteurs économiques la possibilité de réaliser des investissements à l’étranger dans des conditions perpétuellement favorables étant donnée la force de la monnaie nationale. Là aussi, la compétitivité issue de la liberté joue un rôle et permet justement aux entreprises suisses de devenir des géants mondiaux sans payer trop cher la place à conquérir. Ce point est essentiel car la richesse d’une nation repose largement sur des investissements en capital bien conduits ; comme expliqué dans le livre « Tous capitalistes ou la réponse au socialisme ».

 

LES DEVALUATIONS INEFFICACES

Il faut ajouter un point essentiel et que personne ne met en lumière. Les dévaluations pratiquées par le pouvoir politique sont immorales. Il y a bien longtemps, Moïse reçut sur le Mont Sinaï les commandements de Dieu, dont le célèbre : « Tu ne voleras pas ». Depuis ce fait historique, toutes les législations ont imposé, à la fois aux croyants et aux incroyants, le respect des contrats privés et de la propriété. Or, la dévaluation imposée par les pouvoirs politiques est une rupture de contrat et une atteinte à la propriété. Comme l’exemple de la Suisse le montre, elle est inopérante ; ceci est une conséquence de cela et ce n’est donc pas non plus un hasard. Le capitalisme réussit par ses qualités intrinsèques et aussi parce qu’il est moral, reposant sur la fiabilité des contrats.

En outre, la dévaluation revient à donner la clé de la monnaie aux politiques et c’est donc ouvrir la boite de Pandore, ceux-ci agissant selon leur bon plaisir momentané et  changeant, avec toutes les combines possibles.

Enfin, la dévaluation un jour dans un pays pousse les autres pays à riposter souvent par du protectionnisme et la course ne s’arrête ainsi jamais.

 

POURQUOI CE CHARIVARI ?

Le pouvoir tourne en rond sur le plan économique gérant une crise et un chômage dont il est largement responsable. Il refuse par idéologie et par intérêt les solutions que les économistes connaissent bien. Sur le plan de la communication, il lui faut un bouc émissaire et il est trouvé dans la fausse théorie de l’euro fort.

 

Michel de Poncins